« Je voulais un vélo qui soit la continuité de mon propre corps, pour ne faire qu’un. »
Je m’appelle Emma. J’ai 30 ans et je vis à Londres environ six mois de l'année. De mai à octobre, je suis guide à vélo en France. Je suis aussi rédactrice freelance dans le monde du vélo et mécanicienne. Le reste du temps, je suis en vadrouille et de préférence à vélo.
Le vélo est entré dans ma vie quand j’étais ado. Je ne connaissais que les Peugeot des années 70, avec les leviers de vitesses sur le cadre et des pneus de 23mm. J'arpentais la Normandie où je passais toutes mes vacances. En 2017, j’ai réalisé un périple de 8 000 km de Ushuaïa en Argentine à Lima au Pérou sur un gros vélo hybride avec plein de sacoches. Depuis, je n’ai pas su m'arrêter.
Hormis le vtt, je suis tous les types de cyclistes en une. Je me déplace en ville à vélo. Je rends visite à mes amis aux quatre coins de l’Europe à vélo en m’aidant du train quand je manque de temps. Je suis membre d’un club de vélo de route à Londres. Je fais des courses d’ultra-endurance, du gravel et du voyage long court quand j’ai le temps. Parfois je vais vite ou jusqu'à l'épuisement. Parfois je vais lentement et je cueille de la roquette sauvage sur mon passage.
« Si j’arrive à pied quelque part, on me demande où est mon vélo. »
« C’était l’heure de passer aux choses sérieuses. Adieu tous les vieux biclous, place au vélo tant rêvé. »
Avant de me décider, je me suis posée pas mal de questions.
Est-ce que j’étais assez spéciale pour avoir un vélo sur mesure ? Est-ce que ça valait tout cet argent ? Est-ce que je ne pourrais pas obtenir le même résultat en montant un vélo moi-même avec un bon cadre d’occasion ?
Finalement, après trois ans avec cette idée de vélo sur mesure en tête, j’ai arrêté de me poser des questions et j’ai sauté le pas en 2021. Après être revenue d’un voyage à vélo de six mois à travers l’Europe, l’une des bases de mon gros vélo hybride en acier avait pris un coup. Je suis allée à l’atelier de Daniel Hanart pour voir s’il pensait qu’il y avait une fragilité structurelle. Il a expédié la question en quelques instants et m’a fait visiter son atelier.
J’ai découvert le chic de l’aluminium d’artisan, un métal plutôt utilisé pour les gammes plus basses dans les vélos de série. Après 45 minutes à regarder les différents cadres en construction ou attendant d'être peints, une graine avait été plantée dans mon cerveau. Quand je suis repassée deux ans plus tard pour faire un devis pour un nouveau vélo, Baptiste Pelletan avait rejoint les lieux et c’est lui qui a réalisé mon bolide.
Sans cette malheureuse base enfoncée, je n'aurais jamais eu l'idée de me faire faire un vélo sur mesure en acier.
La décision agonisante fut le choix de la couleur. Quand on a toutes les options possibles, c’est difficile de choisir. Vert ou jaune ? Jaune, mais quel jaune ? Ça m'a pris une semaine, tout ça pour le couvrir de sacoches et de boue en permanence.
« Je voulais un vélo à tout faire, à mi-chemin entre la route et le gravel. À la fois confortable pour faire de longue distance en voyage et dynamique pour aussi faire des sorties plus intenses.. »
Vélo Jaune est un vélo d’artisan fabriqué par Baptiste Pelletan près de Paris, à Montreuil. Sa géométrie est un peu spéciale. Il a un look de vélo de route avec de l’espace pour des gros pneus gravel. Le boîtier de pédalier est néanmoins plus bas que sur un gravel. C’est la combinaison sur laquelle nous nous sommes mis d’accord avec l’artisan cadreur. L’objectif était de construire un vélo pour l’endurance sur route mais qui aurait de belles années devant lui en tant que vélo polyvalent et gravel.
J’ai choisi un cadre sloping pour un look moderne. Je ne cherchais pas un vélo classique, je cherchais un vélo moderne fait rien que pour moi. Tous les passages de câbles sont internes. Je trouve ça chic. Les passages internes c’est aussi plus pratique pour éviter les frottements et pavoir des accessoires épousant bien le cadre. Ce vélo est né en sachant qu’il serait couvert de sacoches ;-)
Un vélo d’artisan, pour moi, c’est un vélo sur mesure. Je voulais un vélo qui soit la continuité de mon propre corps, pour ne faire qu’un. Quand je change un pneu et que mes yeux se baladent sur le cadre, des souvenirs de sa fabrication me reviennent. Je me rappelle d’un coup de fil avec Baptiste pour décider de la position de la sortie du câble dynamo. Je me souviens de ne pas arriver à m'endormir en hésitant entre deux ou trois œillets sur mes fourches.
Ce vélo est précieux parce que c’est un bel objet qui a coûté pas mal d’argent, mais il a bien plus de valeur à mes yeux que pour n’importe qui d’autre qui regarderait la qualité et la valeur des composants. J’ai aussi un vélo de série en carbone, je l’adore. Mais Velo Jaune, c’est MON vélo.
Remerciements et crédit photos
Emma Karslake @emma_up_cycles www.emmakarslake.com
@margauxbonhomme
CYCLES BAPTISTE PELLETAN - artisan du cycle à Montreuil - baptistepelletan.fr
